L’intime

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Plus beau métier du monde. Je la revois, allongée. Son nez est différent, sous cet angle, plus mature, plus coquin, mais pas du tout, plus femme juste. De face elle est petite fille, souriante, tout pour plaire, je veux dire, plaire à l’autre ; lui donner ce qu’il attend d’elle, ce qu’on attend, des enfants, femmes particulièrement : la gentillesse, l’obéissance. Elle amuse pour se défaire de cet assujettissement. Dans le regard, la flamme est pétillante, on sait qu’il y a de la malice, la bonne, de la magie, pour réfléchir, creuser, ne pas se faire avoir, aller plus loin bien sur ! Oser.

En dessous, par dessous, allongée, auprès de lui, tout change. Horizontale. C’est une femme, puissante dans son désir, toute abandonnée à lui.

Lui, je ne le vois pas, il n’est pas là, car il ment, mais je sens sa présence, elle l’habite tout entier. Je pourrais le voir, presque. Ils sont beaux ensemble, je le sais, simplement il a peur. De tout quitter pour elle, de faire face à sa solitude, son choix, ses arrachements. On ne peut pas être libre sans arrachements, sans oser s’arracher à l’autre, à nous-même, à toutes ces conceptions erronées, de nous-même, incomplètes. On ne peut pas être libre sans être le courage du vivant, la ligne sans contours. Hélène à côtoyer la mort, elle, longtemps. C’est pour cela qu’elle ne craint plus. Elle sait la luminosité du parcours, l’élan, la nature. Elle sait le reflet de ce qui ne se sait pas, se devine, toujours, ne se connait pas, jamais. Elle sait.

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